L’entreprise technologique canadienne se spécialise dans les cas d’utilisation non standards de l’IA pour aider les sociétés mondiales à devenir plus agiles, plus efficaces et plus durables.
Qu’il s’agisse d’une crise des pâtes (en anglais) en Italie qui menace de déclencher des « manifestations liées aux pâtes », ou d’étagères vides dans une pharmacie située près de chez vous, la fragilité et la volatilité des chaînes d’approvisionnement n’ont jamais été aussi manifestes. Jamais non plus ne se sont offertes plus d’occasions d’améliorer la situation des chaînes d’approvisionnement alors que l’intelligence artificielle (IA) offre aux entreprises des capacités qui, il y a encore à peine quelques années, auraient relevé de la pure imagination.
Fondée à Ottawa et y ayant son siège social, la société Kinaxis s’emploie à rendre les chaînes d’approvisionnement plus résilientes et plus efficaces grâce à sa plateforme de gestion de la chaîne d’approvisionnement basée sur l’IA, appelée RapidResponse. Parmi ses clients se retrouvent des joueurs d’une multitude de secteurs et des noms connus tels que Procter & Gamble, Unilever, Subaru, Ford, Bose et Honeywell. Durant la pandémie, la société Kinaxis a aidé les fournisseurs de vaccins à faire en sorte que leurs produits puissent être acheminés aux bons endroits et aux bons moments.
Fondée en 1984, ce qui représente en vérité une éternité dans le domaine de la technologie, Kinaxis n’avait pas pour mandat à l’origine de « s’intéresser particulièrement aux chaînes d’approvisionnement », son centre d’intérêt étant plutôt « lié à l’informatique », à une époque où les logiciels étaient extrêmement lents. John Sicard, président et chef de la direction, soumet l’explication suivante : « La motivation consistait à essayer de faire en sorte qu’un logiciel puisse exécuter une fonction de planification des besoins en matières (MRP) plus rapidement qu’auparavant. À l’époque, chaque passage durait 36 heures. Vous pouvez donc vous imaginer qu’après avoir appuyé sur la touche “Entrée”, vous deviez attendre 36 heures avant que le logiciel parvienne au terme de son traitement. Et qu’en est-il si était survenu un problème au niveau des données ou si une erreur avait été commise ? Eh bien, vous veniez tout simplement de gaspiller 36 heures de temps d’ordinateur. »
À terme, les ingénieurs de Kinaxis parvinrent à réduire le temps d’exécution, le ramenant de 36 heures à 14 minutes. Comme le souligne John Sicard : « C’était absolument époustouflant. Désormais, lorsqu’on commettait une erreur, il suffisait d’aller se chercher un café et d’exécuter le programme à nouveau. »
Améliorer l’agilité des chaînes d’approvisionnement
Poursuivant son évolution, Kinaxis ne s’intéressait plus désormais, dans les années 2010, qu’au secteur de la chaîne d’approvisionnement alors qu’à la même époque le commerce électronique devenait une réalité de plus en plus perturbatrice. John Sicard explique qu’avec la popularité croissante des achats en ligne, les entreprises s’exposaient à un risque beaucoup plus élevé de perdre des clients, des revenus et de voir la fidélité à leur marque affectée si elles n’étaient pas en mesure de livrer rapidement.
En effet, lorsqu’un client ne pouvait trouver ou acheter rapidement un produit, il se contentait tout simplement de l’acheter ailleurs ou auprès de quelqu’un d’autre. Il devenait donc essentiel d’être en mesure de réagir plus rapidement que jamais aux modèles de demande ainsi qu’aux difficultés d’approvisionnement pour parvenir à faire en sorte que les consommateurs puissent obtenir leurs produits.
« La concurrence mondiale est devenue de plus en plus féroce au cours de la dernière décennie et en même temps a été observé un niveau de volatilité plus élevé tant à l’égard de la demande que de l’offre du spectre de la chaîne d’approvisionnement », souligne-t-il.
« Lorsque la pandémie de COVID est survenue, chacun des modèles basés sur les mathématiques s’est effondré. Chaque outil d’optimisation s’est effondré. Et permettez-moi de vous soumettre une autre vérité gênante : chaque algorithme d’apprentissage automatique s’est effondré. »
Aussi perturbateur que le commerce électronique eut pu sembler être à l’époque, la pandémie de COVID‑19 allait laisser des traces encore plus indélébiles sur le secteur de la chaîne d’approvisionnement.
« La COVID a été un indiscutable catalyseur de changement dans le domaine des chaînes d’approvisionnement, souligne John Sicard. Lorsque la pandémie de COVID est survenue, chacun des modèles basés sur les mathématiques s’est effondré. Chaque outil d’optimisation s’est effondré. Et permettez-moi de vous soumettre une autre vérité gênante : chaque algorithme d’apprentissage automatique s’est effondré. Parce qu’ils n’avaient jamais été exposés à quoi que ce soit qui ressemble à cette pandémie. »
Les problèmes de chaînes d’approvisionnement devinrent le principal point à l’ordre du jour dans la plupart des salles de conférences et le principal sujet de discussion dans les salons, et ce, à travers le monde.
Aujourd’hui, de poursuivre John Sicard : « Chaque conseil d’administration demande à son chef de la direction comment il agira la prochaine fois. »
Créer une IA qui est en mesure de s’auto-régénérer – sans pour autant lui attribuer le qualificatif « artificielle »
La plateforme RapidResponse de Kinaxis va au-delà des cas d’utilisation standards de l’IA, situation qu’illustre peut-être parfaitement la fonction d’apprentissage automatique auto-régénératrice de l’entreprise.
« Je ne pense pas que l’intelligence présente quoi que ce soit d’artificiel. Parlons plutôt d’intelligence augmentée ou d’intelligence automatisée ; il est possible d’y référer au moyen d’autres formules sans pour autant se dépouiller de l’acronyme, affirme John Sicard. Cela ne relève pas de la magie et de la poudre de perlimpinpin. Il s’agit plutôt d’un logiciel écrit par des humains qui, s’il est très puissant, est affligé de très nombreuses limitations. »
Il souligne de nouveau en quoi les algorithmes se sont effondrés durant la pandémie. Une fois qu’ils se sont effondrés, ils ont dû être réparés et reconstruits par des ingénieurs humains.
« Il y a environ cinq ou six ans, nous avons commencé à nous intéresser à ce que nous qualifions de chaînes d’approvisionnement auto-régénératrices, souligne John Sicard. L’intelligence automatisée surveille en permanence ce pour quoi elle a été conçue par rapport aux résultats qui sont obtenus. Lorsque survient un écart qui va au-delà d’un niveau de tolérance établi, le programme est en mesure en quelque sorte de s’auto-régénérer en temps réel. »
Le résultat obtenu est meilleur que celui qui résulterait de la surveillance humaine constante d’un ordinateur du fait que le nombre de variables et d’attributs est simplement trop élevé pour que quiconque puisse en assurer la surveillance en temps réel.
Les chaînes d’approvisionnement inefficaces ne sont littéralement pas durables
Bien que certains puissent penser que l’amélioration des chaînes d’approvisionnement consiste simplement à acheminer des produits du point A au point B où ils peuvent être achetés et consommés, l’enjeu ne se limite pas à cela. Les entreprises qui se soucient de la durabilité peuvent également réduire considérablement leur production de carbone et leurs déchets inutiles en optimisant leurs chaînes d’approvisionnement.
« Il n’existe aucune opération au monde qui consomme davantage de ressources naturelles de la Terre que les chaînes d’approvisionnement. »
« Il n’existe aucune opération au monde qui consomme davantage de ressources naturelles de la Terre que les chaînes d’approvisionnement – aucune opération ne s’en approche même, affirme John Sicard. Lorsqu’on pense à l’approvisionnement en matières premières, au transport de ces matières premières, à l’énergie qui intervient dans la fabrication et la distribution d’un produit, à l’entreposage d’une matière première, puis à sa vente, à sa consommation et à sa destruction… rien ne s’en rapproche véritablement sur le plan de la consommation des ressources. »
Les impacts environnementaux négatifs sont astronomiques. Selon un rapport McKinsey (en anglais), les chaînes d’approvisionnement sont à l’origine de plus de 80 pour cent des émissions de gaz à effet de serre des sociétés du secteur des biens de consommation moyennes, et de plus de 90 pour cent de leur impact sur l’air, la terre, l’eau, la biodiversité et les ressources géographiques. « Les chaînes d’approvisionnement engendrent des coûts sociaux et environnementaux beaucoup plus importants que ceux qui sont associés aux activités mêmes des [entreprises] », peut-on y lire.
« Tout en devenant plus agile, vous pouvez simultanément réduire les torts que vous causez à la planète », explique John Sicard.
De par sa nature même, la plateforme de l’entreprise aide les chaînes d’approvisionnement à être plus efficaces et à réduire les déchets. Puis, le mois dernier, Kinaxis a lancé Sustainable Supply Chain, une nouvelle solution qui permet aux entreprises d’intégrer les facteurs propres aux émissions (incluant les émissions de la portée 3) directement dans RapidResponse. Les responsables de la planification peuvent ensuite visualiser, prévoir et simuler des scénarios liés aux émissions de leurs chaînes d’approvisionnement en temps réel et réagir rapidement pour apporter des modifications.
Inscription en bourse
Kinaxis a réalisé son inscription en bourse en juin 2014, et elle se négocie désormais à la Bourse de Toronto sous le symbole KXS. Kinaxis fut l’une des premières sociétés de logiciel-service à devenir publique et elle a contribué à définir une nouvelle ère axée sur l’importance vouée à la technologie pour le TSX.
Après avoir exercé ses activités pendant 30 ans, on pouvait se demander pourquoi l’entreprise avait décidé de s’inscrire en bourse à ce moment précis. « Nous étions prêts à étendre notre sphère d’activités, à devenir un véritable joueur mondial. Et cela a fonctionné », souligne John Sicard.
Le premier appel public à l’épargne de Kinaxis fut l’un des plus réussis de l’année et, depuis lors, l’entreprise n’a cessé de connaître une croissance dans les deux chiffres.
« L’introduction en bourse nous a permis de nous projeter dans le monde. »
S’il est plutôt délicat de conseiller d’autres entreprises en démarrage quant au moment approprié pour réaliser son inscription en bourse, chaque situation étant particulière, John Sicard affirme que le fait d’avoir sollicité l’avis d’autres fondateurs et chefs de la direction chevronnés avait été d’une aide inestimable. En 2014, il s’était tourné vers la communauté des affaires et de la technologie à Ottawa. « Vous savez, tant d’autres personnes sont déjà passées par là où vous vous proposez d’aller. J’ai notamment appris combien formidable était le réseau d’Ottawa, combien il collaborait et combien ouvert et transparent il s’est montré, s’agissant de partager ses expériences et ses apprentissages. »
Il encourage également les entreprises en démarrage à percevoir les actionnaires comme des partenaires aptes à fournir de précieux conseils et à même contribuer sur le plan de la génération de prospects. « Les actionnaires peuvent véritablement devenir des collaborateurs de votre entreprise puisqu’ils se soucient vraiment de votre succès. »
L’avenir est impressionnant et brillant
Alors que John Sicard et son équipe se réjouissent à la perspective de célébrer leur 40e anniversaire en 2024, John affirme que leurs ambitions ne sont pas simplement financières, mais sont centrées sur l’apport qui peut être le leur à la planète et à la société. Il perçoit également un avenir où la gestion de la chaîne d’approvisionnement deviendra en soi une macrocatégorie d’activités commerciales.
« Dans cinq à dix ans, on retrouvera une macrocatégorie axée sur les chaînes d’approvisionnement qui n’existe pas actuellement. Aujourd’hui, on retrouve une macrocatégorie sur le thème de la gestion de la relation client (GRC), sur la gestion de l’effectif et, bientôt, il y aura une catégorie axée sur le thème de la gestion de la chaîne d’approvisionnement », affirme John Sicard.
Si Kinaxis vise à être l’entreprise qui se retrouve au sommet de ce pilier de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, il est également important pour John Sicard qu’elle demeure fidèle à ses racines. « Nous sommes une entreprise mondiale et nous desservons certaines des plus grandes entreprises du monde. Cependant, notre technologie est fabriquée au Canada. Nous sommes très fiers de cela et nous allons continuer à faire en sorte que tel soit le cas à mesure que nous nous développerons. »
Pour en savoir plus sur Kinaxis, visitez Kinaxis.com
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