Sid Paquette, chef, RBCx, et Eytan Besoussan, chef de la direction, NorthOne, expliquent comment les entreprises en démarrage peuvent prospérer malgré la turbulence économique.
Il n’a jamais été facile, pour les entreprises en démarrage, de surmonter la volatilité du monde des affaires, mais un contexte économique difficile peut rendre la tâche encore plus ardue. De nombreux entrepreneurs et hauts dirigeants sont actuellement confrontés pour la première fois à un resserrement de la politique monétaire et à l’incertitude qui en découle. Les investisseurs semblent plus fébriles, les géants de la technologie annoncent des licenciements massifs et les plans les mieux ficelés comportent plus de risques.
Comment prospérer dans ce genre de conjoncture ? Sid Paquette, chef, RBCx, a déjà tout connu. En avril, il a discuté de l’adaptation à une conjoncture difficile avec Eytan Bensoussan, chef de la direction et cofondateur de NorthOne, lors du Sommet des entreprises canadiennes de technologie financière. Ils ont abordé divers sujets d’actualité, y compris de l’intelligence artificielle, des nouvelles règles en matière de collecte de fonds, et des défis et des occasions qu’offrent les périodes de perturbations.
Il s’agissait d’une des nombreuses discussions commanditées par RBCx qui ont eu lieu pendant deux jours entre fondateurs, chefs de la direction et chefs de file du secteur des technologies financières au District de la découverte MaRS à Toronto. Si vous avez manqué l’incontournable conversation entre Sid et Eytan, voici quelques points à retenir pour les entreprises en démarrage.
Les temps changent… et votre entreprise devrait en faire autant
Sid a commencé par citer les célèbres paroles de Bob Dylan (the times they are a-changin’), qui résument bien la situation actuelle des entreprises en démarrage. Peter Misek, fondateur et associé gestionnaire de Framework, estime que le tiers des entreprises en démarrage canadiennes pourraient ne pas survivre.
« Certains d’entre nous ici ont connu les années 2000 et 2008, et la situation en 2022 s’y apparente. Certaines des entreprises les plus prospères qui ont surmonté ces périodes de crise y sont parvenues en façonnant une offre qui a redéfini le marché, dit Sid.
« Certaines des entreprises les plus prospères qui ont surmonté ces périodes de crise y sont parvenues en façonnant une offre qui a redéfini le marché. »
À titre de chef de la direction d’une néobanque, c’est un impératif qu’Eytan connaît bien. « Le terme “néobanque” évolue constamment. Lorsque nous avons lancé NorthOne il y a quelques années, personne ne savait à quoi nous faisions référence quand nous parlions de néobanques », dit-il.
RBCx et NorthOne sont semblables en ce sens qu’elles ont toutes deux entrepris de redéfinir les services bancaires. Tandis que NorthOne est axée sur les services bancaires aux entreprises, RBCx se concentre plutôt sur les entreprises technologiques de toutes tailles et à toutes les étapes de croissance.
Toutefois, il ne suffit pas de se qualifier de néobanque pour que les consommateurs nous voient réellement comme des innovateurs, et vraiment, cela n’a aucune importance. Nous, à NorthOne, avons réalisé que cette notion de néobanque ne signifie rien pour eux. Ce qui les intéresse, c’est de savoir si on peut leur offrir ce dont ils ont besoin.
« Sortir de notre bulle technologique et privilégier les notions qui importent au marché a été très révélateur pour nous, dit Eytan. Nous nous sommes rendu compte qu’il fallait décrire nos services dans termes que les gens utilisent lorsqu’ils établissent un budget, font des paiements ou gèrent des comptes fournisseurs, des comptes clients, des dépenses, etc. Il suffisait ensuite d’intégrer le volet bancaire. »
La croissance de l’entreprise passe par la valeur ajoutée
Reprenant les recommandations d’Eytan concernant les approches axées sur le client, Sid ajoute : « En fin de compte, c’est une question de valeur ajoutée. Par définition, une valeur ajoutée est une valeur inattendue. Si je branche mon sèche-cheveux et qu’il en sort un petit-déjeuner, c’est une valeur ajoutée : quelque chose qui va au-delà des attentes. »
« En fin de compte, c’est une question de valeur ajoutée. Par définition, une valeur ajoutée est une valeur inattendue. »
Ce qui constitue cette valeur ajoutée n’est pas forcément la même pour tous les clients. C’est pourquoi il est important de proposer plusieurs offres qui mèneront à votre produit de base. « C’est ainsi que vous attirez les clients vers l’offre de service qui importe vraiment. Chaque nouveau rayon se rattache au moyeu », explique Eytan.
Ne craignez pas l’intelligence artificielle – utilisez-la judicieusement
« Nous subissons tous l’influence des langages de modélisation et de l’IA générative. Le potentiel est tant positif que négatif. Comment votre entreprise en tire-t-elle parti ? » a demandé Sid à Eytan.
« ChatGPT et les ressources de même type se sont avérés extrêmement utiles. Le plus important a été d’en faire un usage réfléchi », souligne-t-il. Eytan explique comment l’équipe des finances de NorthOne les utilise pour transformer les idées qui découlent de leur travail et des échanges avec leurs clients en une série d’articles et de contenus visant à aider les clients.
Ce type d’usage réfléchi permet aux entreprises technologiques en démarrage d’être plus concurrentielles et de connaître une croissance plus rapide. « Ces outils nous ont mis sur un pied d’égalité avec les grandes banques concurrentes. »
« Ces outils nous ont mis sur un pied d’égalité avec les grandes banques concurrentes. »
Cela dit, l’IA étant encore peu réglementée, Eytan insiste sur la nécessité de mettre en place des mesures pour assurer sécurité et conformité en matière de protection des renseignements personnels.
Bien que certains s’inquiètent des répercussions de l’IA sur l’emploi, Sid ne croit pas que les humains seront remplacés par les nouvelles technologies. Au contraire, l’IA valorise les meilleurs talents. « Les gens pensent que lorsqu’une entreprise fait appel à l’IA, dix personnes perdront leur emploi, dit Sid. En fait, l’IA n’accomplit pas le travail de dix personnes différentes ; elle optimise des éléments de la routine quotidienne de ces dix personnes, ce qui leur permet de consacrer leur temps à ces activités plus rentables. »
« Nous la voyons non comme susceptible de permettre d’éliminer des emplois, mais plutôt comme un outil grâce auquel notre équipe peut gagner du temps pour se concentrer sur ses points forts, ajoute Eytan. Nous avons consacré beaucoup de ressources à recruter les bonnes personnes. Donnons-leur les moyens de se surpasser. »
Adoptez un nouveau plan de match pour obtenir des capitaux
Pour réussir actuellement, de nombreuses entreprises en démarrage doivent revoir leur plan de match en ce qui a trait à l’obtention de capitaux. « Beaucoup de capitaux potentiellement disponibles ne sont pas investis pour une foule de raisons. Au final, je pense que les investisseurs privilégieront un plus petit nombre d’entreprises et qu’il en résultera un stress accru pour les entreprises en démarrage, particulièrement celles du secteur des technologies financières », dit Sid.
En effet, la plupart des entreprises de technologie financière ont été fondées après 2008 dans un contexte de faibles taux d’intérêt et avec un accès facile aux capitaux. Bon nombre d’entre elles n’ont jamais vécu l’envers du cycle économique.
« Les choses évoluent à un rythme ahurissant. »
« Les choses évoluent à un rythme ahurissant », soutient Eytan. Il rappelle que pendant des années, l’obtention de capitaux d’investissement était essentiellement fondée sur les perspectives de croissance rapide de l’entreprise. Ce n’est plus le cas maintenant. « Nous l’avons constaté en temps réel l’année dernière alors nous étions en plein processus de recherche de capitaux. Le langage corporel des gens à qui vous parliez changeait si vous amorciez la discussion en parlant de croissance. L’incertitude leur déplaît. Ils veulent savoir concrètement ce que vaut l’entreprise actuellement, pas ce qu’elle pourrait devenir. »
Eytan explique qu’il a élaboré cinq à dix dossiers de recherche de capitaux d’investissement en l’espace d’un mois, à mesure qu’il constatait ce qui ne fonctionnait plus. « Lorsque vous parlez de marges et d’économie durable, vous avez leur soutien à 80 % ; les questions sur la croissance ne viennent qu’ensuite. »
Le changement dans le secteur des technologies ne s’arrêtera pas
« Ce qui est vraiment inattendu, c’est que ce nouvel environnement n’est pas près de disparaître, affirme Eytan. Je crois que nous avons été dupés par la rapidité avec laquelle la COVID-19 a changé les choses. Les gens croyaient à un retour à la normale pour les technologies après six mois, ou en 2023, ou au T3. L’absence de ce retour à la normale a fortement inquiété les entrepreneurs. Ils commencent à se rendre compte que le changement sera permanent. »
Les entreprises de technologie financière doivent s’attarder moins à ce qui ne fonctionne pas, et davantage à ce qui fonctionne. « Il ne s’agit pas de faire tenir ensemble tant bien que mal les modèles d’affaires qui ne fonctionnent plus, mais plutôt de réinventer ce qui fonctionne très, très bien, explique Sid. C’est là que beaucoup d’entreprises échouent : elles ne le font pas. »
RBCx soutient certaines des entreprises technologiques et des créateurs d’idées les plus audacieux du Canada. Nous mettons notre expérience, nos réseaux et notre capital au service de votre avantage concurrentiel pour vous aider à apporter des changements durables. Parlez à un conseiller technologique de RBCx pour en savoir plus sur la façon dont nous pouvons aider votre entreprise à croître.