Point de vue d’Anne Woods, première directrice générale, Sciences de la vie
Il est tout naturel au début d’une nouvelle année de conjecturer sur ce que les prochains mois nous réservent. Dans le secteur des sciences de la vie, les discussions sur les perspectives commencent lors de notre voyage annuel à San Francisco, où nous nous réunissons avec investisseurs, innovateurs et amis. Si l’on se fie au beau temps que nous avons connu, l’horizon s’éclaircit pour l’année à venir.
Entre le Four Seasons et le Johnny Foley’s, j’ai eu l’occasion d’entendre de nombreuses réflexions sur l’année qui vient de se terminer, et des projections d’un optimisme prudent concernant 2024. Les investisseurs se sont réjouis de voir que les transactions se concrétisaient, tandis que plusieurs des fondateurs se félicitaient d’avoir passé le cap de 2023 avec des réserves de fonds. En ce qui concerne l’avenir du secteur des sciences de la vie, certaines des tendances qui se sont dégagées au cours des 18 derniers mois seront déterminantes et continueront à orienter la prise de décisions.
Au bon endroit au bon moment
Depuis son pic en 2021, l’investissement dans les sciences de la vie a connu une baisse considérable, attribuable aux tendances macroéconomiques, au désintérêt des « investisseurs touristes » (c.-à-d. des investisseurs non traditionnels inexpérimentés en matière d’investissement dans le secteur) et à une faible performance dans les marchés publics. Le volume du financement et le nombre de transactions ont chuté. Néanmoins, de nombreuses transactions ont été conclues en 2023, et les compagnies mettant au point des traitements pour l’obésité, des conjugués anticorps-médicament (CAM) ou des radiopharmaceutiques étaient décidément les vedettes de l’heure. Les entreprises comme Inversago, POINT Biopharma et Abdera Therapeutics illustrent parfaitement la rentabilité actuelle et future de l’innovation au Canada.
Or, le succès de ces entreprises est obtenu au détriment de celles qui créent des dispositifs médicaux et des options non thérapeutiques pour l’obésité. Selon nous, il ne sera pas facile pour les entreprises de technologie médicale de ce domaine de rivaliser avec le flot incessant de nouvelles options thérapeutiques. Si l’intérêt pour les traitements de l’obésité n’est pas près de disparaître, le chemin ne sera pas sans accrocs ni surprises en 2024.
Faire plus avec moins
Aux États-Unis et au Canada, plus de la moitié des transactions conclues en 2023 étaient des ententes de financement supplémentaire par des investisseurs existants. Pour plusieurs fondateurs, l’évaluation à la baisse qui accompagne le tour de financement tarifé en fait une option peu désirable. L’époque où il était possible de mobiliser du capital avant d’avoir atteint une valeur-jalon considérable est révolue. Les capital-risqueurs ont porté un œil critique sur leur portefeuille d’entreprises et ont continué à financer les plus prometteuses d’entre elles, avec une réserve : tout capital investi doit générer de la valeur. Pour de nombreuses entreprises, cette condition était impossible à respecter sans réduire les dépenses, une décision particulièrement pénible pour celles qui avaient élargi leurs équipes pour poursuivre plusieurs programmes ou pour mettre au point leurs prochaines technologies.
L’austérité restera de mise en 2024, et la capacité des entreprises à obtenir du financement dépendra de leur capacité à démontrer l’efficacité de leur capital. Ici aussi, les entreprises canadiennes auront le dessus, puisqu’elles sont réputées être plus rentables que leurs homologues américaines.
Tout est dans les données
En 2020 et en 2021, les deux tiers des entreprises qui ont fait leur entrée en bourse étaient soit à l’étape des études précliniques ou en phase 1. Le financement était accordé en fonction des idées plutôt que des données. Dernièrement, cette tendance s’est renversée : le capital afflue vers les entreprises qui présentent des données convaincantes. De plus, de nombreuses entreprises ont réussi à obtenir des sommes importantes dans les premiers tours de financement, les investisseurs étant conscients qu’ils doivent leur donner les moyens d’atteindre un jalon du processus de création de valeur avant leur prochaine ronde de financement sur le marché.
En 2024, nous verrons assurément certains investisseurs généralement portés vers les entreprises en démarrage profiter de l’évaluation à la baisse d’entreprises plus matures qu’ils n’avaient pas appuyées au premier tour de financement, faute d’envie ou de moyens. Le fait qu’il y a peu d’occasions de conclure de bonnes affaires sur des actifs à faible réduit augure mal pour les entreprises en phase préclinique en 2024.
Horizon incertain
Compte tenu du climat actuel, il risque d’y avoir quelques conversations houleuses au sein des conseils d’administration. Prioritaires à l’ordre du jour seront les évaluations, les cadres de talent et la manière d’utiliser le capital des investisseurs. À mesure que le marché se réorganisera, les « bonnes » entreprises au personnel compétent devront inévitablement fusionner, ou faire faillite.
Lorsque leurs équipes de direction réintégreront le bassin de talents, les administrateurs se demanderont s’ils devraient recruter les candidats performants qui n’étaient pas sur le marché en 2021. Outre le talent, il y aura des actifs et des technologies à repêcher. L’année 2024 sera-t-elle le moment d’acquérir, ou de rester concentré sur le pipeline actuel ?
Les conversations les plus difficiles porteront sur l’évaluation. Éventuellement, les entreprises qui ont levé des fonds supplémentaires auprès de leurs investisseurs existants devront attirer de nouveaux investisseurs et convenir d’une nouvelle évaluation. Au Canada et aux États-Unis, les désaccords entre investisseurs et fondateurs en ce qui concerne l’évaluation ont fait échouer plus d’une transaction en 2023. En 2024, seuls accéderont au succès les fondateurs qui ne se laissent pas emporter par l’évaluation, trouvent des investisseurs susceptibles de leur offrir de l’expertise, et, surtout, savent quand demander de l’aide.
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